
The Banner Saga
"The winter is coming"

Avec The Banner Saga, vous allez pouvoir vous plonger dans un monde baigné de mythologie scandinave, où vous arpenterez des régions hostiles et enneigées pour la survie des contrées du Nord. A vos drakars !
De Star Wars aux vikings
A l'origine du projet, on retrouve trois anciens du studio Bioware (à l'origine des séries des Baldur's Gate, Dragon Age, Bioshock ou encore Mass Effect), qui après avoir travaillé ensemble sur le développement du MMO Star Wars : The Old Republic, ont décidé de tout quitter pour fonder un nouveau studio début 2012 : Stoic Studio.
Une fois leur liberté retrouvée, Alex Thomas (directeur créatif), Arnie Jorgensen (à la direction artistique) et John Watson (programmeur passé notamment par la NASA, la classe, non ?) proposent leur projet sur la plate-forme de financement participatif Kickstarter. Il s'agira d'un genre casse-gueule, car ne s'adressant qu'à une niche de joueurs : le tactical-RPG.
Le 19 mars 2012, la campagne Kickstarter est donc lancée pour un objectif fixé à 100.000 dollars. Le lendemain, cet objectif était déjà atteint et à la fin de leur campagne, ce n'est pas moins de 723,886 dollars qui ont été récoltés au mois d'avril.
Il faut croire que le genre du jeu, pas si présent que ça de nos jours, et encore moi sur PC, a suscité un grand engouement, ainsi que le style graphique bien particulier dont nous reparlerons plus bas.
Autant le succès de The Cave sur Kickstarter était prévisible, puisque aussi bien Ron Gilbert que Tim Schafer étaient déjà des célébrités connues et reconnues dans le monde du jeu vidéo, autant le succès de The Banner Saga est une véritable surprise pour ses créateurs.
Fort de ce trésor de guerre, le développement du jeu va bon train, voyant même un free-to-play intitulé The Banner Saga : Factions débouler sur Steam en février 2013. Ce jeu reprend les mécaniques, le background et l'esthétique du projet initial mais en se focalisant uniquement sur une dimension multijoueur (PvP); une façon de donner un avant-goût aux joueurs du futur gameplay à venir. Car ce n'est qu'en janvier 2014 que The Banner Saga, c'est-à -dire le jeu solo et scénarisé, verra le jour. Il sera tout de suite acclamé par la critique.
De la neige et du sang
Le jeu The Banner Saga se déroule dans un univers médiéval fantasy, mais que les développeurs ont volontairement voulu éloigné de l'heroic fantasy classique (exit les trolls, nains et autres elfes efféminés). C'est donc dans une contrée nordique désolée peuplée d'êtres bourrus à la culture viking que vous évoluerez.

Mener vos hommes dans ces contrées hostiles ne sera pas une mince affaire.
L'histoire débute alors que l'un des princes humains rend une visite diplomatique auprès du peuple Varl (sorte de géants cornus peuplant majoritairement cette région faisant office de confins de la Terre). Malgré l'inimitié qui règne entre les deux peuples, ils devront très vite à mettre de côté leurs rivalités pour faire face à une menace bien plus terrible que l'on pensait oubliée. En effet, les Dredge, créatures maléfiques dont le seul but semble être la destruction, refont surface en masse après s'être faits oublier pendant plusieurs décennies. Leur dernière apparition remonte à l'époque où les Dieux sont morts, et cette fois-ci, le soleil s'est figé dans le ciel, signe probable d'un nouveau Ragnarök (l'équivalent de l'Apocalypse chez les vikings).
Durant l'aventure, vous serez amenés à suivre le déroulement du scénario au travers différents personnages peuplant les terres du Nord. Mais qu'il s'agisse de l'armée Varl ou de réfugiés humains fuyant la menace Dredge, vous devrez arpenter les routes avec votre congrégation de soldats et de civils.
Le retour du Tactical-RPG
Les mécaniques de jeu sont diverses. Bien entendu, le gros du gameplay passe par le système de combat au tour par tour directement inspiré d'anciens tactical-RPG tels que les Final Fantasy Tactics, Suikoden ou Fire Emblem.
Ainsi, avant le début d'un combat, vous aurez à placer vos unités sur le terrain (avec de préférence vos archers humains derrière les Varl, qui feront souvent office de tanks).

Les combats se jouent au tour par tour, comme tout bon tactical-RPG qui se respecte.
Bien qu'assez traditionnel, le système de combat revêt malgré tout quelques originalités qui lui forgent une identité propre.
Votre ennemi et vous déplacez ainsi à tour de rôle vos personnages selon un ordre prédéfini. Chaque personnage dispose d'une barre de santé et d'une barre d'armure. Plus la santé d'un personnage est basse, moins il fera de dégâts. Pour pouvoir descendre plus efficacement la vie d'un ennemi, il vous faudra préalablement entamer ses points d'armure. A vous d'optimiser au mieux le déplacement de vos troupes sur le terrain et d'utiliser judicieusement les pouvoirs spéciaux de chacun (stun, pièges, prise d'aggro...).
Plus un de vos hommes abat d'ennemis, plus il pourra passer au niveau supérieur, révélant ainsi la dimension RPG du jeu.
En effet, une fois le combat terminé, il vaut mieux arrêter votre caravane et monter un campement pour que vos héros récupèrent de leurs blessures et les faire monter de niveau. En dépensant des points de "Renommée", gagnés en vainquant vos ennemis ou en effectuant certains choix lors de l'aventure, vous pourrez ainsi augmenter la santé, la défense et autres caractéristiques de vos personnages. Choisissez soigneusement quel personnage bénéficiera d'améliorations, car vos points de renommée servent aussi à vous procurer des objets pour booster certains de vos héros et à acheter de la nourriture pour vos hommes.

Même si ça ne se voit pas, ce Varl est très heureux car je viens d'augmenter ses compétences (si, si, il est content...)
"Caravane de réfugiés Simulator"
En effet, le jeu dispose d'un aspect micro-gestion très plaisant puisque vous devrez toujours veiller à la bonne santé de votre caravane (c'est-à -dire l'ensemble de vos soldats et des civils qui vous accompagnent).
Quand vous vous déplacez, un compteur indiquant le déroulement des jours défile, et chaque jour passé verra votre réserve de nourriture diminuer. Si par malheur vous ne croisez pas un village permettant de vous ravitailler et que vous vous trouvez à cours de denrées, vos hommes commençeront à mourir de faim.
Prenez garde aussi au moral de vos troupes. Il vous faudra ainsi monter régulièrement le camp pour que tous puissent se reposer, même si entre temps les jours défileront sans que votre caravane ne progresse.
Ce côté réaliste donne une toute autre dimension aux choix que vous effectuez car vous aurez toujours à l'esprit le destin des ouailles qui vous ont fait confiance et qui vous suivent dans cet enfer blanc. Vous n'êtes pas une main désincarnée menant vos troupes à la mort. Ce système vous met plus que jamais dans le rôle d'un chef dont les décisions sont souvent dures à prendre et parfois contestées par ceux qui vous suivent.
Une épopée narrative
Ah, les choix... Dieu qu'ils seront importants dans ce jeu. Dieu que le mot "dilemme" revêtera toute son importance au cours de votre périple. The Banner Saga est en effet doté d'un aspect narratif très poussé avec de nombreuses phases de dialogues qui permettront de faire avancer l'intrigue ou de vous informer de l'état de votre caravane.
Ainsi, à intervalles réguliers, à la manière de ces vieux jeux d'aventure textuels, vous serez confrontés à des choix dont parfois aucun n'apparaît comme étant meilleur qu'un autre. Mais réfléchissez bien à vos réponses car même si elles ne modifient pas fondamentalement la trame scénaristique, certaines pourront avoir des conséquences dramatiques comme la perte d'une bonne partie de vos denrées, une scission parmi vos hommes, voire la mort définitive d'un de vos héros. Et autant vous dire que voir mourir un personnage pour lequel vous aviez dépensé beaucoup de points de "renommée" et qui était devenu la pierre angulaire de vos batailles vous fera très mal.

Ah, le campement... Un des rares moments de tranquilité où vous pourrez vous reposer et panser vos blessures avant de reprendre la route.
Une direction artistique remarquable
Le charme du jeu provient non seulement de sa narration, mais aussi de sa direction artistique qui colle en tout point avec l'univers nordique du jeu.
Les créateurs du jeu revendiquent diverses influences comme notamment la Belle au bois dormant de Disney (1959) ou encore Don Bluth (créateur, entre autres, de Fievel). Cela se ressent fortemment dans le character design et les cutscenes du jeu.
Mais ne vous y trompez pas, cet aspect "dessin animé" cache un univers mature, sombre et sanglant où les drames sont légions.

Les cutscenes rappellent les anciens Disney (même si le Prince Charmant était loin d'être aussi "Bad-ass" que ces valeureux Varl).
Les décors dans lesquels vous évoluez sont magnifiques, et voir votre caravane progresser ainsi, si petite dans ces contrées nordiques gigantesques, renforcera le sentiment de vulnérabilité qui vous envahira peu à peu.
Alors certes, les animations lors des combats sont un peu rigides, mais cela ne suffit pas à gâcher l'ambiance générale du jeu dans lequel j'ai adoré me plonger.
En définitive, The Banner Saga est un très bon jeu pour tous les amateurs de tactical-RPG, et même si c'est votre première expérience du genre, vous y prendrez du plaisir. Les tutoriaux sont très bien amenés, et après deux ou trois combats, vous aurez la chose en main. Même si le prix semble un peu élevé, la durée de vie de plus d'une dizaine d'heures en vaut la peine.
Sachez également qu'il ne s'agit là que du premier volet d'une trilogie.
Dégaînez votre hache, brandissez vos boucliers, sortez votre petite laine et jetez vous à corps perdu dans cet univers viking au bord de l'anéantissement.
Anecdote :
King, le développeur de jeux sur smartphones à l'origine du célèbre Candy Crush Saga, a fait couler beaucoup d'encre en déposant les termes de "Candy" et de "Saga" pour éviter la multiplication de clones de son jeu. Le souci, c'est que King a tenté de faire renommer The Banner Saga, bien que celui-ci n'ait en rien à voir avec le gameplay de Candy Crush. Après s'être attiré les foudres de la presse vidéoludique et de la communauté des gamers, un accord à l'amiable semble avoir été conclu entre King et Stoic Studio.
Liens :
- Site de Stoic Studio : http://stoicstudio.com/
- Interview avec Alex Thomas : http://gamestar.ru/english/alex_thomas_the_banner_saga_interview_eng.html
Publié le 24 octobre 2014