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The Vanishing of Ethan Carter

 

Une aventure bien Myst-érieuse...

Les jeux d'aventure narrative à la première personne, aux accents contemplatifs, se font de moins en moins rares sur PC.

La porte ouverte maladroitement par Dear Esther, en février 2012, a depuis été franchie avec brio par des titres commes Gone Home (dont le test est ici) ou The Stanley Parabole.

C'est bien dans cette lignée de plus en plus prestigieuse que s'inscrit The Vanishing of Ethan Carter, qui comme ses prédécesseurs, mêle adroitement aventure et exploration. Cependant, contrairement aux autres, les développeurs ont décidé de ne pas mettre de côté le gameplay.

 

La recette est-elle efficace ? Bien sur que oui, sinon, je ne prendrai pas la peine de vous en parler.

Si vous avez aimé Myst et son île étrange pleine d'énigmes, vous allez être conquis.

Une renaissance bienvenue

 

Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, parlons, comme à chaque fois, des développeurs. Ethan Carter est le tout premier jeu d'un studio indé basé en Pologne : The Astronauts.

Ses fondateurs, Andrzej Poznanski (l'artiste du groupe), Adrian Chmielarz (game designer) et Michal Kosieradzki (animation), ne sont pourtant pas des perdraux de l'année et ont d'abord été connus pour avoir fondé un autre studio, plus porté sur les jeux AAA, à savoir People Can Fly, en 2002.

Mais alors pourquoi avoir quitté leur premier studio, qui a pourtant sorti des jeux ayant rencontré une certaine notoriété (Painkiller, Bulletstorm, Gears of War) ?

Et bien comme bien souvent, il s'agit d'une histoire de gros sous versus créativité.

Après avoir fondé People Can Fly, nos amis polonais obtiennent une reconnaissance dans le milieu avec la série des Painkiller (de 2004 à 2006), des FPS nerveux rappelant furieusement la vieille époque de Doom ou Quake.

Ils décident alors de se lancer dans un projet, Come Midnight, en association avec l'éditeur THQ. Le jeu, qui devait mettre en scène un détective privé des années 40 capable de voir dans le monde des morts pour résoudre des affaires ésotériques, a été jugé trop "différent" par THQ qui décide de couper brutalement tous les budgets, laissant les petits gars de People Can Fly pratiquement sur la paille. Le jeu, au grand désarroi de Adrian Chmielarz, ne verra donc jamais le jour (si vous voulez en savoir plus sur cette affaire, c'est par ici).

Pour sauver les meubles, ils vont travailler sur un moteur de jeu basé sur l'Unreal Engine et le montrer aux pères de ce moteur, Epic Games pour avoir leur avis. Les créateurs d'Unreal (les jeux) et de Gears of War tombent tout de suite sous le charme et décident d'embaucher le studio pour qu'ils adaptent le premier Gears of War sur PC. Ils travailleront conjointement avec Epic sur Gears of War 2 et sortiront en 2011 un FPS bourré d'action et d'humour, Bulletstorm.

En 2012, Epic rachète complètement le studio polonais, et c'est à cette époque qu'Andrzej, Adrian et Michal décident de quitter le monde du AAA pour fonder The Astronauts. Loin de cracher dans la soupe, Adrian explique que ce choix est avant tout motivé pour s'écarter de la pression et des politiques internes inhérentes des grands projets.

Comme le disait si bien Mel Gibson : "Libertééééééé".

Et c'est grâce à cette liberté, certes risquée quand on quitte un studio disposant de gros moyens, que The Astronauts a pu sortir The Vanishing of Ethan Carter.

Le jeu a même eu droit à un petit Webcomic introductif, histoire d'approfondir la personnalité de Paul Prospero.

Supernatural

 

Vous incarnez Paul Prospero, détective privé spécialiste du surnaturel et disposant de dons extraordinaires (ça ne vous rappelle pas le pitch de Come Midnight, le projet avorté par THQ en 2006 ?).

Et comme tout détective privé, vous avez droit à une voix off du plus bel effet. Vous ne savez pas grand chose lorsque vous débarquez à Red Creek Valley, si ce n'est que c'est là que vit Ethan Carter, ce jeune garçon qui vous a demandé de l'aide par courrier.

La forêt dans laquelle vous arrivez semble d'emblée pleine de pièges et de mystères, et cette ambiance pesante va vous accompagnez durant toute votre aventure.

Pour retrouver le petit Ethan, il va vous falloir enquêter sur des meurtres inquiétants et vos dons paranormaux ne seront pas de trop.

 

L'un de vos pouvoirs, l'intuition, vous permettra d'intéragir avec un élément suspect, et ce faisant, après avoir vu défiler devant vos yeux les différentes hypothèses que Paul Prospero formulent dans son esprit, vous aurez un aperçu de la localisation d'un indice.

Le système d'intuition, pourtant plutôt malin, est étrangement peu intuitif.

N'est pas mort ce qui à jamais dort

 

Par exemple, face à un cadavre, vous devrez, grâce à l'intuition, remettre les différents indices en place pour pouvoir reconstituer la scène de crime. Une fois cela fait, vous pourrez faire appel à votre autre pouvoir, celui de communiquer avec l'âme des morts et de vous projetez en partie dans le passé. Il ne vous restera plus qu'à mettre en ordre ces différents fragments du passé pour avoir accès à une cinématique qui vous révèlera les circonstances du meurtre.

 

Le système n'est pas compréhensible tout de suite, vous obligeant à tâtonner pour en comprendre les mécanismes.

Ce tâtonnement est parfaitement voulu par les développeurs, puisque lorsque vous lancez le jeu pour la première fois, un message vous prévient que "ce jeu est une expérience narrative qui ne vous prend pas par la main".

Certes, le but est louable et il est rafraîchissant de découvrir un jeu qui ne vous assaille pas de messages de tutos dès que vous faîtes un pas. Certes, le but est de ne pas avoir d'interface pour renforcer l'immersion du joueur. Mais il n'empêche que face à un terrain de jeu gigantesque, sans objectifs et sans connaissance des pouvoirs de votre héros, la première demi-heure est vraiment déroutante et pourrait en rebuter plus d'un.

Le parallèle avec Myst est immédiat. Vous êtes effectivement lâché dans des décors magnifiques, bucoliques, face à des énigmes nébuleuses (mais, fort heureusement, pas aussi complexes que Myst) et vous ne devrez compter que sur vos talents d'explorateur, d'observateur et sur votre intuition pour mener l'enquête jusqu'au bout.

 

Les phases de reconstitution ne sont pas bien compliquées mais très gratifiantes à assembler.

Le scénario est vraiment bien écrit et une fois que vous aurez compris les mécanismes du jeu, la progression se fait tout naturellement et sans grande difficulté. Vous allez ainsi explorer une Red Creek Valley à la fois envoûtante par sa beauté et inquiétante par son silence. Vous semblez être le seul être encore vivant parmi les voies ferrées désaffectées et les maisons abandonnées.

 

Vous allez donc partir à la recherche d'Ethan Carter en "rencontrant" différents membres de sa famille, en retrouvant les histoires que le jeune garçon adore écrire et en plongeant dans un univers de plus en plus sombre.

 

Sans dévoiler plus avant le scénario, sachez que les références à Edgar Allan Poe, mais surtout à H.P. Lovecraft sont très nombreuses, et l'ombre du mythe de Cthulhu pèse sur cette vallée.

 

Photoréalisme, quand tu nous tiens !

 

Et pourtant, vous allez aimer vous promener pour admirer les paysages, les différents effets de lumière qui se réverbent sur l'eau d'un lac et vous réfléchirez peut-être même à vous y installer s'il ne se passait pas autant d'événements étranges et sordides.

Les textures sont tout bonnement magnifiques et, tout comme pour Gone Home, se rapprochent de plus en plus du photoréalisme. Les développeurs vous montrent même l'envers du décor et de la technique utilisée, la "photogrammetry"  par ici. En résumé, il s'agit de prendre un maximum de photos et d'en inclure le plus fidèlement possible les textures dans un moteur 3D.

Le résultat est vraiment bluffant et je me suis surpris plus d'une fois à m'arrêter et à observer la nature autour de moi.

 

Les décors, textures et autres effets de lumière sont tout bonnement magnifiques ! On dirait une pub pour l'Ecosse.

Alors, The Vanishing of Ethan Carter est-il un bon jeu ?

 

Et bien, cela dépend de quel point de vue on se trouve. Si vous n'aimez pas le fantastique, la marche à pied et avez besoin qu'on vous prenne la main constamment, passez votre chemin.

En revanche, si vous avez aimé Gone Home ou The Stanley Parabole, sachez que ce jeu va vous plaire. Son histoire est vraiment bien écrite et assez poignante, avec un très beau final, et que contrairement à ses prédécesseurs, il inclut de véritables mécanismes de gameplay, ce qui permet au joueur de se sentir un peu plus impliqué dans l'action.

Certes, comme tous les autres jeux de ce genre, l'expérience est courte (entre 3 et 4 heures) mais mérite d'être vécue.

Personnellement, je regrette juste qu'une indication subtile ne nous donne pas plus d'informations sur le fonctionnement du gameplay., ce qui a failli gâcher ma première demi-heure de jeu.

 

Anecdote : Ca commence à devenir une sale habitude, mais encore une fois, face à un moment particulièrement stressant,  j'ai fait deux bonds successifs (agrémentés de hurlements ô combien peu virils, faisant ainsi sursauter ma tendre moitié alors en pleine partie de World of Warcraft...

 

Publié le 8 novembre 2015

 

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